Recherche en milieu marin pour mieux comprendre le déclin des populations de saumon atlantique
Le roi des rivières, le Salmo salar, fait actuellement l’objet d’une attention accrue. Cette espèce emblématique est à la base d’une économie régionale qui fournit de l’emploi et fait partie du mode de vie traditionnel des Premières Nations. Le déclin des populations de saumon sauvage ou leur stabilité à de faibles niveaux, tels qu’observés depuis plus de 40 ans, inquiètent les utilisateurs de la ressource et les gestionnaires. Le Canada s’est donc doté d’une Politique du saumon sauvage en 2005 et l’une des suites de la Commission Cohen (2012) a été le lancement du Plan conjoint de recherche sur le saumon atlantique en 2016.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la diminution du nombre de saumons atlantiques : la surexploitation de la ressource, les obstacles à la migration, les impacts négatifs des piscicultures et de l’aquaculture, les pertes d’habitats au sud de l’aire de distribution, la pollution, le changement climatique, une mortalité accrue en mer, etc. Les taux actuels de survie des smolts – les juvéniles qui vont à la mer après avoir grandi en rivière – sont très bas. Bien que l’on ne sache pas pourquoi les retours sont si faibles, on soupçonne que la portion marine du cycle vital est déterminante pour l’abondance des populations. C’est ce qui guide actuellement les axes de recherche visant à élucider les causes de la mortalité en mer, de même qu’à déterminer les prédateurs et les caractéristiques des routes migratoires.
Afin de suivre les saumons dans leur périple marin, on les capture dans les rivières à l’aide de trappes rotatives ou grâce aux structures de franchissement dont sont dotés plusieurs barrages. Des émetteurs acoustiques internes sont par la suite implantés dans les smolts, permettant ainsi de suivre leur parcours lorsqu’ils franchiront les diverses stations d’enregistrement. Le gouvernement du Québec, en collaboration avec Pêches et Océans Canada, région du Québec, a démarré, en 2017, des projets pour la rivière Jacques-Cartier (à Donnacona) et Vieux-Fort (sur la Basse-Côte-Nord). Les smolts sortant du golfe du Saint-Laurent sont enregistrés au détroit de Belle Isle au réseau de récepteurs acoustiques opéré par la Fédération du saumon atlantique. Par la suite, les smolts migrent vers les eaux longeant le Labrador et les aires d’alimentation à l’ouest du Groenland.
Les données préliminaires pour les smolts des rivières Jacques-Cartier et Vieux-Fort qui ont étés suivis à l’aide d’émetteurs indiquent de faibles taux de détection,de l’ordre de 1 % à 5 % seulement pour le golfe du Saint-Laurent. Les recherches visent maintenant à trouver les endroits où la mort se produit en mer et quelles peuvent en être les causes, ce qui représente un défi de taille.
La Politique du Canada pour la conservation du saumon sauvage du Pacifique
Établissement d’un plan conjoint de recherche sur le saumon de l’Atlantique
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Pedro Nilo et Martin Castonguay
Sciences
Capture des smolts à Pont-Rouge, au barrage Bird-2.
Implantation d'un émetteur acoustique sur un smolt provenant de la rivière Jacques-Cartier.
Smolts capturés dans la rivière Jacques-Cartier, à Pont-Rouge, en vue de l'estimation du nombre d'individus migrant vers la mer.