Mieux planifier pour mieux protéger : analyse des composantes vulnérables du Saint-Laurent en cas de déversement pétrolier
Un déversement pétrolier est un événement imprévisible et néfaste, parfois même catastrophique. Lorsqu’il s’en produit un, les intervenants ont toute une panoplie d’enjeux à traiter, allant de la protection de la santé humaine à celle des espèces en péril en passant par la sécurité maritime, et ce, dans un très court laps de temps. Une bonne planification et un bon réseau de collaborateurs constituent la clé d’une intervention réussie. C’est pourquoi Pêches et Océans Canada est impliqué, depuis plus de deux ans, dans le soutien aux équipes responsables de la planification et de la réponse en cas de déversement pétrolier au Québec.
L’un des enjeux est la protection des espèces aquatiques. Se concentrer sur la protection des espèces plus vulnérables apparaît un choix logique, mais l’identification de celles-ci est loin d’être évidente étant donné l’incroyable diversité floristique et faunique du Saint-Laurent. C’est cette identification que notre équipe s’est donnée pour objectif en réalisant une analyse de la vulnérabilité de composantes biologiques du Saint-Laurent. Le travail s’est conclu avec une revue par les pairs qui s’est tenue à l’Institut Maurice-Lamontagne en janvier 2017 et qui a réuni une trentaine de participants provenant du milieu scientifique et de l’intervention en cas d’incident environnemental.
L’analyse de vulnérabilité a été faite sur les espèces estuariennes et marines fréquentant un tronçon du Saint-Laurent où le trafic maritime est important, soit celui s’étendant de la ville de Québec à l’île d’Anticosti. Elle a touché plus de 1000 espèces qui ont été regroupées en plus de 300 groupes taxonomiques répartis entre les algues et les plantes, les invertébrés, les poissons et les mammifères marins. À l’aide de critères liés à l’exposition et à la résilience, le niveau de vulnérabilité a été évalué pour chacun des groupes. Un peu plus de 40 % des groupes taxonomiques évalués ont été identifiés comme présentant une vulnérabilité élevée. Les premiers stades de vie, soit les œufs et les larves, ont été considérés d’emblée vulnérables et n’ont pas nécessité d’analyse.
Le travail a été conduit au sein de l’initiative du Système de sécurité de classe mondiale pour les navires-citernes (2014-2017) et se poursuit maintenant sous l’égide du Plan de protection des océans. Notre équipe s’attelle maintenant à la création d’outils opérationnels en soutien aux intervenants : cartographie des composantes vulnérables du milieu aquatique, fiches d’enjeux et calendriers biologiques.
Christine Desjardins
Science
La zostère marine est l’une des espèces ayant été ciblées parmi les plus vulnérables.
Le déploiement d’une estacade est l’un des moyens utilisés pour protéger les espèces aquatiques lors d’un déversement pétrolier.