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Les conditions océanographiques physiques du golfe Saint-Laurent en 2019

Par
Peter Galbraith

Chaque année, les scientifiques du Programme de monitorage de la zone Atlantique de Pêches et Océans Canada évaluent les conditions en océanographie biochimique et physique dans les eaux canadiennes de la côte Est. Pour les conditions océanographiques physiques du golfe Saint-Laurent, les principaux faits à souligner pour 2019 sont le débit d’eau douce le plus élevé depuis les années 1970, les records de l’englacement le plus hâtif depuis 1969 dans l’estuaire supérieur et de températures de surface de septembre les plus faibles depuis 1981, causés par la tempête tropicale Dorian, et les eaux en profondeur les plus chaudes jamais observées en plus de 100 ans.

La moyenne annuelle du débit du Saint-Laurent et des rivières qui s’écoulent dans l’estuaire a été la plus élevée depuis 1976, tandis que la crue printanière partage le premier rang avec l’année 1974. La saison de glace de mer a débuté en novembre 2018 dans l’estuaire supérieur, soit 5 semaines plus tôt que la moyenne climatologique et la plus hâtive en série depuis 1969.

Le passage de la tempête tropicale Dorian s’est fait sentir, les 7 et 8 septembre, alors que la température de surface a chuté de 7 °C en moyenne sur tout le golfe, créant un record de série de froid pour ce mois depuis 1981. L’une de nos bouées océanographiques, qui diffuse ses données en temps réel, AZMP-ESG, était directement sur la trajectoire de la tempête. Elle a enregistré des rafales de vent de 120 km/h, des vagues de 13 m, et une chute de pression atmosphérique de 60 mBar jusqu’à 960 mBar. La bouée a aussi enregistré une chute de température de 8 °C à la surface de la mer, laquelle a été compensée par une augmentation presque aussi importante à 35 m de profondeur; aucune chaleur n’a été perdue, la colonne d’eau a simplement été mélangée sur une grande profondeur!

Les températures des eaux profondes du golfe continuent de s’élever depuis 10 ans. Cela s’explique par l’entrée d’eaux chaudes par le détroit de Cabot. C’est le cas du record de 7,1 °C enregistré en 2019 dans ce secteur à une profondeur de 300 m. Moyenné sur l’ensemble du golfe, jamais les eaux n’avaient été si chaudes à 250 et 300 m depuis le début de la prise de données en 1915, atteignant respectivement 6,3 °C et 6,5 °C. Ce réchauffement des eaux profondes est causé par une plus grande entrée des eaux du Gulf Stream dans le chenal Laurentien par rapport aux eaux du courant du Labrador dans les années récentes.

Peter Galbraith
Sciences
Moyennes mensuelles de mai à novembre de la température de surface pour le golfe.

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Moyennes mensuelles de mai à novembre de la température de surface pour le golfe.

Série chronologique de la température moyennée par couche de profondeur pour le golfe du Saint-Laurent.

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Série chronologique de la température moyennée par couche de profondeur pour le golfe du Saint-Laurent. 

La bouée océanographique AZMP-ESG.

La bouée océanographique AZMP-ESG.