Le phare de Rivière-à-la-Martre : plus de 9 000 ans d’histoire
Il y a quelques années, les responsables des travaux effectués au phare de Rivière‑à‑la‑Martre, en Gaspésie, ont fait de belles découvertes. Saviez-vous que ce phare est situé près du site d’une ancienne carrière exploitée il y a environ 9 000 ans par les Premières Nations? La récupération d’artéfacts préhistoriques, comme des lames et un burin, a confirmé la présence d’activités de taille d’outils sur ce site.
Les fouilles ont également permis de découvrir les fondations de la première aide à la navigation implantée à cet endroit – soit une marque de jour – et celles du premier phare et de sa maison attenante construits en 1876. Ces bâtiments ont été démolis en 1906 pour faire place au phare actuel.
La découverte d’un grand nombre d’isolateurs confirme que la station de phare abritait autrefois un poste télégraphique. Sa ligne, propriété de la Montreal Telegraph Company, reliait alors Gaspé à Montréal.
La mise au jour d’artéfacts a aussi aidé à en apprendre davantage sur les occupants du phare. On a trouvé une trentaine de semelles de chaussures de tailles variables, dont certaines auraient pu appartenir à une femme ou à de grands enfants. Une bouteille vide du « Sirop pour les enfants du Dr Coderre » a aussi été trouvée. On peut donc en conclure qu’une famille a déjà occupé les lieux. Par ailleurs, une des semelles trouvées portait la marque The Merchants Rubber. Cette manufacture de bottes de Montréal, fondée en 1903, a été rachetée par une autre compagnie en 1907. La semelle portant cette marque aurait donc été manufacturée entre 1903 et 1907 et serait peut-être celle du gardien de phare en fonction à cette époque, Auguste Leclerc.
Le phare de Rivière-à-la-Martre est un bâtiment unique au Québec, et possiblement au Canada. Ce phare est en bois, mais surtout, le mécanisme de lumière d’origine est toujours en place et fonctionne. À l’époque, l’utilisation d’un bain de mercure liquide permettait de faire flotter le prisme, selon le même principe que celui du bois qui flotte sur l’eau. Un simple système de contrepoids, comme pour une horloge coucou, permettait la rotation du prisme, lequel pesait toutefois quelques tonnes. Grâce à ce procédé ingénieux, le phare pouvait émettre son signal lumineux caractéristique. Autre particularité, la tour octogonale, qui s’élève à une hauteur de 63 pieds (19,2 m) est caractérisée par un larmier cintré sous la plate-forme de lanterne.
L’histoire des phares vous intéresse? Jetez un coup d’œil sur nos photos historiques disponibles sur Flickr.
Source : Fouilles archéologiques de la station de phare de Sainte-Marthe-de-Gaspé en Gaspésie, AECOM Tecsult inc, mars 2010.
Jean Pineault
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É. Phaneuf
Fondation du premier phare construit en 1876.