Interactions entre les homards et les installations aquacoles
Les scientifiques de la station utilisent une approche multidisciplinaire pour améliorer la durabilité économique et environnementale de l'industrie canadienne de l'aquaculture. Dans le sud-ouest du Nouveau-Brunswick, la salmoniculture est un acteur économique important. Les recherches menées par la station comprennent l’étude de la progression et de la transmission des maladies et des agents pathogènes du poisson, l’aquaculture multitrophique pour minimiser les effets environnementaux et fournir d’autres espèces pour la récolte, l’étude des interactions de l’aquaculture avec les espèces sauvages et les écosystèmes, et la surveillance océanographique pour fournir des conseils sur l’emplacement des sites et réduire la transmission de maladies.
Interactions entre les homards et les installations aquacoles
En 2016, un projet de Programme de recherche sur la réglementation de l'aquaculture a été lancé conjointement par l'Institut Maurice-Lamontagne et la Station biologique de St. Andrews (SBSA) afin d'enquêter sur le comportement des homards à proximité des fermes salmonicoles dans le secteur de la baie Passamaquoddy, au sud-ouest du Nouveau-Brunswick.
Après avoir utilisé une combinaison de captures par piégeage et en plongée, on a installé un émetteur sur 108 homards et crabes, puis relâché ces spécimens sur un des deux sites d'élevage, où une grille de 30 récepteurs acoustiques a été installée. L'émetteur de chaque animal a envoyé un signal toutes les trois minutes que la grille de récepteurs a enregistré pour déterminer l'heure et la position. Cet équipement a été laissé en place pendant quatre mois et a permis aux chercheurs de suivre les déplacements détaillés de chaque individu.
Pendant que les analyses se poursuivent, les résultats préliminaires indiquent que les homards et les crabes semblent demeurer près des sites d'élevage du saumon et que ces spécimens possèdent des domaines vitaux bien définis qui ne sont pas beaucoup touchés par le site d'élevage.
Pour de plus amples renseignements au sujet de ce projet.
Émetteurs installés sur un homard
Interactions entre les saumons sauvages et d’élevage de l’Atlantique
Pêches et Océans Canada s’est engagé à améliorer notre compréhension des interactions entre le saumon sauvage de l’Atlantique et l’industrie aquacole afin de prendre des décisions réglementaires mieux éclairées. Les scientifiques de la Station de biologie ont entrepris un projet pilote faisant appel à des étiquettes acoustiques en vue de mieux comprendre les interactions entre les saumons sauvages de l’Atlantique migrant vers la mer et leur milieu marin, en particulier compte tenu des sites de salmoniculture et de la pression exercée par les prédateurs dans la baie de Fundy. L’objectif à long terme est de déterminer la mortalité propre à chaque stade biologique dans les estuaires et dans l’océan, ainsi que le temps passé par le saumon sauvage près des sites d’aquaculture dans la région des Maritimes afin de mieux comprendre le temps d’exposition et les interactions du saumon sauvage avec la salmoniculture.
Au cours de la première année, 60 saumoneaux sauvages du Centre de biodiversité de Mactaquac du MPO ont été munis d’étiquettes acoustiques et relâchés en aval du barrage dans l’estuaire de la rivière Magaguadavic, à St. George (Nouveau-Brunswick). Vingt-neuf récepteurs captant les transmissions de ces étiquettes ont été placés dans des sites aquacoles actifs et inactifs, ainsi que dans l’estuaire de la rivière Magaguadavic et aux points de sortie vers la baie Passamaquoddy. Après 20 jours, les étiquettes sur les poissons sont passées en mode « faible émission » pour permettre un suivi à plus long terme et pour fournir des renseignements sur les estimations de survie dans des habitats particuliers. De plus, si les poissons quittent la région de la baie Passamaquoddy, les étiquettes enverront un signal aux récepteurs exploités par l’Ocean Tracking Network afin de fournir des renseignements supplémentaires sur leur survie et leur migration. Ces travaux sont effectués avec le soutien de l’industrie aquacole, de la Fédération du saumon atlantique, l’Ocean Tracking Network, la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA), et sont financés dans le cadre du Programme sur les interactions entre l’aquaculture et l’écosystème.
M. Trudel, Ph. D., relâche des saumoneaux de l’Atlantique marqués dans l’estuaire de la rivière Magaguadavic
Vue sous-marine de saumoneaux de l’Atlantique relâchés dans l’estuaire
Recherche sur les maladies
Les scientifiques du gouvernement utilisent le Laboratoire de bioconfinement de la Station biologique de St. Andrews (SBSA) pour étudier des enjeux touchant la santé des animaux en vue de fournir des avis scientifiques qui éclaireront l'élaboration de politiques et les activités de réglementation. Les recherches en cours se penchent sur le rôle des caractéristiques génétiques quant à la vulnérabilité aux maladies et aux parasites pour garantir que l'industrie salmonicole utilise des populations adultes saines et résistantes aux maladies (stock de géniteurs). Des recherches sont présentement en cours pour améliorer la connaissance des agents pathogènes récemment désignés et mieux comprendre le risque de propagation des maladies de la ferme.
Ces projets incluent des recherches portant sur le virus de l'anémie infectieuse du saumon et les agents pathogènes bactériens responsables de la pourriture de la bouche et la maladie bactérienne du rein (MBR). Ces projets visent à élaborer des solutions qui amèneront une diminution du recours aux antibiotiques et permettront de réduire ainsi le risque de transfert de maladies. Ces projets de recherche favorisent une aquaculture durable et la survie des populations de saumon sauvage.
Le virus de l'anémie infectieuse du saumon peut amener un taux de mortalité élevé au sein des populations de saumon de l'Atlantique et entraîner des pertes importantes pour les exploitants aquacoles. Les vaccins actuels n'offrent pas une protection de 100 %. Par conséquent, les méthodes de gestion des sites d'élevage et de surveillance servent à réduire le risque d'épidémie. Dans le cadre d'un des projets, on étudie le niveau d'exposition minimum nécessaire pour causer la maladie et on mesure la quantité de virus diffusée par les poissons infectés. De plus, on étudie actuellement les répercussions du virus sur la physiologie et la forme physique des poissons qui survivent à l'exposition.
La bactérie « Tenacibaculum » provoque une affection appelée « pourriture de la bouche » ou tenacibaculose. Cette étude vise à élaborer un modèle d'infection pour étudier la progression de la maladie, pour faire l'essai de traitements potentiels et pour explorer les interactions entre les bactéries associées aux ulcères de la peau.
Le développement d'une résistance aux maladies au sein des populations de saumon atlantique est un moyen d'améliorer les conditions des poissons d'élevage et de réduire les interactions entre les poissons sauvages et les poissons d'élevage pour le saumon. C'est un fait bien connu qu'il existe des variations au sein des différentes familles de saumon en ce qui a trait à la résistance aux maladies. Dans le cadre d'un programme conjoint de géniteurs au sein de l'industrie, on effectue présentement des tests sur des croisements de familles de saumon pour déterminer leur résistance aux maladies et parasites préoccupants dans le but de cibler les familles vulnérables et résistantes afin de contribuer à la mise au point d'outils génétiques
Recherches sur les enjeux de santé des poissons à la SBSA
Recherche sur le pou du poisson
Le pou du poisson est un crustacé naturellement présent dans l’environnement. Ce parasite se fixe à un poisson, comme le saumon atlantique, qui lui sert d’hôte. Les poux du poisson ont évolué conjointement avec leurs hôtes pendant des millions d’années. Par conséquent, ils sont devenus très bons pour trouver des hôtes, surtout quand ces derniers sont présents en fortes concentrations, comme c’est le cas des saumons élevés dans des cages marines.
Pour gérer les infestations de poux du poisson, qui ont été un problème récurrent dans les établissements de salmoniculture au cours des deux dernières décennies, on doit avoir recours à des traitements afin de maintenir la santé des poissons. Ces infestations, qui entraînent des coûts importants pour l’industrie, sont préoccupantes puisqu’elles pourraient avoir des répercussions sur l’environnement marin. Des éléments probants montrent que le pou du poisson peut devenir résistant aux traitements chimiques existants; cette situation est similaire à celle des parasites terrestres, qui ont des répercussions sur l’industrie agricole.
Le pou du poisson est un crustacé naturellement présent dans l’environnement. Ce parasite se fixe à un poisson, comme le saumon atlantique, qui lui sert d’hôte.
On ne sait toujours pas comment les larves planctoniques de poux du poisson bouclent leur cycle vital dans les établissements de salmoniculture en eaux côtières. Après être sorties de l’ovisac de leur mère, les minuscules larves partent à la dérive, puis réussissent à retourner dans l’établissement de salmoniculture où elles sont nées malgré le fait qu’elles nagent lentement et que d’importants volumes d’eau de mer passent par ce type d’établissement.
Les larves du poux du poisson, ou nauplii, vu au microscope.
Voici ce que les chercheurs de la station en question accomplissent grâce aux fonds attribués dans le cadre du Programme coopératif de recherche et développement en aquaculture.
- Étude de la répartition des poux du poisson et de la dynamique des infestations connexes dans des établissements de salmoniculture.
- Mise à l’essai de technologies vertes fondées sur des stratégies mécaniques de retrait des poux du poisson visant à réduire la dépendance aux produits chimiques utilisés pour contrôler les infestations et débarrasser les saumons de ces parasites.
- Collaboration avec des représentants de l’industrie afin d’élaborer des méthodes, comme les douches à l’eau tiède, visant à retirer les poux du poisson des hôtes, puis à les capturer afin de réduire leur présence dans les cages marines et de briser leur cycle d’infestation.
Ces projets de recherche permettront de formuler des avis scientifiques sur des options visant à améliorer les activités de gestion des établissements de salmoniculture et à concevoir des traitements contre le pou du poisson qui permettent de réduire le plus possible le risque d’effets négatifs sur l’environnement.
Les premières données obtenues indiquent que l’utilisation de douches à l’eau tiède pour débarrasser les saumons adultes de leurs poux du poisson ainsi que la capture subséquente de ces parasites au moyen de filtres s’avèrent efficaces. Ces méthodes pourraient donc réduire de façon importante la capacité des poux du poisson à infester de nouveau un établissement de salmoniculture donné. Toutefois, on craint que les poux du poisson puissent devenir résistants à l’eau tiède, de la même façon qu’ils sont devenus résistants aux traitements chimiques actuels. Malheureusement, il n’est pas possible d’augmenter simplement la température de l’eau utilisée pour les douches en raison des possibles effets négatifs sur le bien-être des saumons. Des chercheurs tentent de déterminer si le pou du poisson peut devenir résistant aux douches à l’eau tiède en élevant, de façon sélective, des générations de poux du poisson qui ont été exposées à des températures plus élevées. Si on observe des signes d’adaptation chez le pou du poisson, on aura davantage de renseignements sur l’efficacité des douches à l’eau tiède.
Nos chercheurs étudient aussi la possibilité de sélectionner des saumons atlantiques géniteurs (individus utilisés pour produire une descendance) qui seraient plus résistants aux infestations de poux du poisson. L’objectif est de permettre à l’industrie de cerner des marqueurs génétiques qui pourraient être liés à une meilleure résistance à ces parasites et de sélectionner des géniteurs qui produiront une descendance plus résistante aux infestations.
En outre, on mène actuellement des travaux afin de déterminer si le comportement de retrait de poux du poisson observé chez de grosses poules de mer, un poisson-nettoyeur, peut être transmis d’une génération à l’autre. Si c’est le cas, il est possible que l’utilisation de cette espèce pour contrôler naturellement le pou du poisson infestant les saumons surpasse l’efficacité des traitements chimiques actuels, ce qui permettrait de réduire l’utilisation de tels traitements.
Pour de plus amples renseignements sur les projets susmentionnés, veuillez visiter le site Web du Programme coopératif de recherche et développement en aquaculture.