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Les îlots artificiels au service de l’environnement et des pêches

Par
Élisabeth Marceau

Lors de la construction, la réparation et le réaménagement d’infrastructures d’ingénierie situées en milieu aquatique, un promoteur doit respecter la Loi sur les pêches, laquelle vise à assurer la durabilité et la productivité continue des pêches commerciales, récréatives ou autochtones. Il est évident que lorsqu’on construit une structure qui empiète sur le fond marin, l’habitat du poisson sera modifié, voire détruit, affectant ainsi la productivité du milieu. Pour éviter ces impacts, la seule solution possible serait alors de ne pas construire la structure en question, laquelle est souvent essentielle au bien commun. Alors, qu’adviendrait-il des routes littorales, des quais, des enrochements et des murs de protection contre les tempêtes?

La Loi sur les pêches permet de réaliser de tels projets lorsqu’il est possible de contrebalancer les impacts négatifs que ces projets pourraient causer. Ceci est possible en élaborant des solutions durables qui favoriseront la création d’un habitat de remplacement pour le poisson, et ce, de façon à compenser les dommages anticipés. Une de ces solutions durables, et qui connaît un succès intéressant depuis quelques années, est la construction d’îlots artificiels.

Les îlots artificiels sont souvent constitués d’amas de pierres de tailles variées, lesquelles sont agencées selon une séquence et une configuration précises. La configuration des pierres a été étudiée par des scientifiques pour constituer de façon optimale un environnement accueillant, protecteur et productif pour plusieurs espèces ciblées (crustacés, poissons). L’efficacité de ces îlots artificiels permet d’augmenter localement la densité et la viabilité des individus des espèces ciblées durant une phase de leur vie où ils seraient particulièrement vulnérables, sur un site qui était naturellement moins propice à leur développement.

Dans les dernières années, pour contrebalancer l’empiètement sur l’habitat du poisson généré par la réalisation de ses projets en milieu maritime, la Direction régionale des ports pour petits bateaux de Pêches et Océans Canada (MPO) a géré et financé la mise en place d’ îlots artificiels aux Îles-de-la-Madeleine, en Gaspésie et bientôt en Basse-Côte-Nord. Ces projets de compensation de l’habitat du poisson ont été élaborés conjointement avec le Programme de protection des pêches du Ministère et des regroupements locaux de pêcheurs. Un suivi biologique de ces îlots doit être réalisé sur une période de 3 à 5 ans après leur construction afin de démontrer leur efficacité à favoriser le développement de la ressource, soit ici le homard. La construction de ces îlots artificiels et leur suivi biologique ont chaque fois été réalisés conjointement avec des regroupements de pêcheurs locaux.

La collaboration entre les gens du milieu, les pêcheurs ainsi que les ingénieurs et biologistes du MPO, a été essentielle à la bonne réussite de ces projets. Grâce au succès de ces initiatives novatrices, la population et les pêcheurs des secteurs maritimes du Québec ont contribué à préserver l’environnement et ses ressources.

Élisabeth Marceau
Ports pour petits bateaux
Les pierres constituant l’îlot  sont triées, mesurées et  vérifiées.
Les pierres constituant l’îlot sont triées, mesurées et vérifiées.
Des pierres de différentes  tailles sont utilisées dans la  construction d’un îlot artificiel.
Des pierres de différentes tailles sont utilisées dans la construction d’un îlot artificiel.
Section d’un îlot artificiel  mis en place sur le fond marin.
Section d’un îlot artificiel mis en place sur le fond marin.