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Expédition Canada C3 : carnet de bord d’un hydrographe

Par
Yann Côté Nadeau

Je suis monté à bord du Polar Prince, le navire assigné pour le projet Canada C3, le 19 juin à Baie-Comeau. C’était à l’occasion de la troisième étape de l’expédition. Celle-ci avait commencé le 1er juin à Toronto avec l’objectif d’atteindre Victoria après avoir emprunté le passage du Nord-Ouest et parcouru les trois océans du pays. Le tout en 150 jours! Un périple sans précédent, organisé pour célébrer le Canada et rapprocher les Canadiens. En s’arrêtant dans plusieurs villes, villages et communautés de tout le Canada côtier, l’expédition Canada C3 souhaite promouvoir les quatre grands thèmes retenus dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération canadienne : Diversité et inclusion, Réconciliation, Engagement jeunesse et Environnement.

Je suis hydrographe à l’Institut Maurice-Lamontagne à Mont-Joli. Si je me suis joint à l’équipe scientifique de Canada C3, c’est dans le but de faire la promotion des produits et services du Service hydrographique du Canada (SHC), tant auprès des participants voyageurs que du public visitant le Polar Prince lors de ses nombreuses escales.

Le volet Environnement et l’hydrographie
Plusieurs biologistes et océanographes à bord travaillent sur le volet Environnement de l’expédition, volet qui regroupe 25 protocoles de recherche scientifique mis en application dans un certain nombre de sites figurant sur l’itinéraire du navire. Ainsi, par exemple, des échantillons d’eau sont pris afin de cartographier l’ADN environnemental de la biodiversité transcanadienne. Une collecte de sédiments de fond doit par ailleurs permettre de quantifier la pollution par les microplastiques dans les régions les moins connues du littoral canadien. Ainsi, le programme scientifique de Canada C3 servira à approfondir nos connaissances scientifiques actuelles et contribuera à la réalisation de recherches futures.

Le volet Environnement inclut également la sécurité maritime et l’hydrographie. Les cartes marines électroniques et en format traditionnel papier que conçoit le SHC, de même que nos tables des marées et des courants, sont en effet des outils indispensables à la sécurité maritime. Les défis ne manquent pas dans le domaine de l’hydrographie lorsqu’on considère que dans un pays comme le Canada – qui compte de vastes étendues marines – la sécurité maritime est déterminante, tant pour l’économie que pour l’environnement.

C’est dans ce contexte que le SHC désire pouvoir compter sur la participation de collaborateurs externes, notamment les communautés autochtones et inuites des régions nordiques, dans le processus de collecte de données. Ces collaborateurs pourraient faire leurs propres relevés et nous fournir des données supplémentaires grâce à la technologie HydroBall. De petit format, la bouée HydroBall peut être transportée facilement. De plus, avec un minimum de formation, elle peut être utilisée par des personnes peu expérimentées. J’ai donc embarqué un de ces appareils à bord du navire avec moi pour faire des démonstrations et sensibiliser les gens à son usage. Le SHC estime que la participation collective à la cueillette de données s’avérera incontournable très bientôt.

Événements significatifs
La journée du 21 juin a revêtu une importance toute particulière avec la tenue simultanée de la Journée mondiale de l’hydrographie et de la Journée nationale des autochtones. Pour l’occasion, j’ai reçu Alain Rock, professeur de géographie à l’école secondaire de Pessamit, à Betsiamites, ainsi que deux étudiantes innues, pour leur faire visiter le Polar Prince. Nous avons aussi discuté des valeurs du projet Canada C3 dans le Salon du patrimoine. Celui-ci a été aménagé spécialement pour discuter de réconciliation entre autochtones et non-autochtones.

Enfin, j’ai pu partager l’aspect scientifique du projet Canada C3 avec mes invités, principalement pour le volet hydrographique. En cette journée spéciale, je les ai informés que, selon une tradition bien établie, le bureau du SHC à Mont-Joli désirait donner le nom d’oiseaux marins aux deux nouvelles vedettes hydrographiques dont il a récemment fait l’acquisition, mais cette fois dans la langue innue. Les représentants de la communauté innue de Pessamit ont été touchés et honorés de cette initiative. Ce fut une très belle rencontre sur le plan des relations humaines, rencontre qui cadrait parfaitement avec les valeurs promues par le projet Canada C3.

Yann Côté-Nadeau
Sciences
Photo de l'hydrographe Yann Côté Nadeau avec l'HydroBall (sphère de 40 cm de diamètre)

@ J.-A. Wilkins

Yann Côté-Nadeau avec la bouée HydroBall à ses côtés

Photo montrant Yann Côté Nadeau avec le professeur Alain Rock et deux étudiantes innues

@ J.-A. Wilkins

Alain Rock, Yann Côté-Nadeau et les deux étudiantes innues

Photo du navire Polar Prince, en pleine mer

@ J.-A. Wilkins

Le Polar Prince, le navire assigné à l'expédition Canada C3