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Voie maritime du Saint-Laurent : le mandat hivernal de la Garde côtière canadienne

Par
Stacy Dufour

Le déglaçage et la gestion des glaces se trouvent au cœur du mandat hivernal de la Garde côtière canadienne. Ces services indispensables permettent aux navires de circuler toute l’année sur le fleuve Saint-Laurent, une situation plutôt rare dans les pays nordiques. Les opérations incluent l’aide au passage des navires (escorte et aide au dégagement, maintenance des chenaux de navigation, déglaçage des ports et des quais), la surveillance et la diffusion de renseignements sur l’état des glaces, la lutte contre les inondations ainsi que le soutien à l’ouverture et à la fermeture de la Voie maritime du Saint-Laurent.

Le réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent
Pendant la saison froide, la Garde côtière consacre principalement ses efforts à l’entretien du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent, une voie navigable de 3 700 km s’étendant des Grands Lacs jusqu’à l’océan Atlantique. Longeant les frontières du Canada et des États-Unis, cette voie navigable est gérée en partenariat par la Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent, une société canadienne, et par la Saint Lawrence Seaway Development Corporation, son homologue américaine. En raison de la présence d’un système sophistiqué d’écluses (13 canadiennes et 2 américaines), la portion « Voie maritime du Saint-Laurent », située entre Montréal et le lac Érié, doit être fermée annuellement entre les mois de décembre et mars. Ce système de portes et de vannes permet le passage des navires entre les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent malgré une dénivellation des eaux de 183 mètres. L’accumulation importante de glaces empêche un fonctionnement sécuritaire de cet étroit système de levage maritime, d’où la nécessité de procéder à sa fermeture saisonnière. 

L'accumulation importante de glaces empêche un fonctionnement sécuritaire du système d'écluses de la Voie maritime du Saint-Laurent, d'où la nécessité de procéder à sa fermeture pendant la période hivernale. (Photo : Environnement et Changement climatique Canada, G. Paradis)

Les caprices de Dame Nature
En décembre 2017, une vague de froid sans précédent a frappé le Canada, causant la formation hâtive de glace sur les Grands Lacs et le Saint-Laurent. Ce caprice de Dame Nature a représenté un défi pour la fermeture de la Voie maritime, initialement prévue pour le 31 décembre, puis reportée au 11 janvier 2018. Malgré les travaux de déglaçage et d’entretien effectués par la Garde côtière, l’accumulation rapide de neige et de glace dans ce chenal d’eaux douces peu profondes a ralenti le trafic et compliqué les manœuvres. Les navires de type « Seawaymax », les plus gros à emprunter le chenal, y sont déjà très à l’étroit en eaux libres. De plus, certains navires ne disposent pas d’une structure adaptée aux eaux envahies par les glaces.

L’année 2018 a commencé avec l’immobilisation forcée du navire Federal Biscay, prisonnier des glaces dans l’écluse américaine Snell. Le transit s’est interrompu pour une dizaine de navires qui se sont retrouvés bloqués autour de l’écluse, et ce, pendant les cinq journées nécessaires pour déloger ce « Seawaymax ». Les opérations ont été menées par le brise-glace NGCC Martha L. Black, assisté par le navire remorqueur Ocean Tundra appartenant au Groupe Océan. Ce contrat a été le premier à être accordé en vertu de l’Arrangement en matière d’approvisionnement (AMA). Conclu en décembre 2017 par Services publics et Approvisionnement Canada et la Garde côtière, cet accord autorise certains partenaires privés à soutenir les services lorsque requis. Après plusieurs jours de déglaçage et d’escorte de navires, la vague de froid s’est apaisée, laissant place à un redoux. En fermant le 11 janvier 2018, la Voie maritime du Saint-Laurent a fracassé un record de longévité quant à sa saison d’opération, cumulant 298 jours d’activité en 2017.

Le mandat hivernal de la Garde côtière s’est poursuivi par la suite sur la portion accessible du fleuve, entre Montréal et le golfe du Saint-Laurent. Pendant le reste de l’hiver, la flotte de brise-glace s’est repositionnée aux endroits stratégiques de la voie navigable pour surveiller et gérer les mouvements des glaces afin d’éviter les embâcles et les inondations, en plus d’être prête à assister les navires. Lorsque le surintendant des glaces de la Garde côtière a jugé que les conditions météorologiques et l’état des glaces le permettaient, les opérations de déglaçage printanier ont été lancées. Cette année, le feu vert a été donné le 19 février plutôt qu’au début du mois de mars tel qu’il est coutume, situation contrastant avec les retards enregistrés en décembre 2017. Brise-glace et aéroglisseurs ont travaillé de concert pour détruire les banquises côtières du fleuve, astucieusement laissées intactes pendant l’hiver afin de créer un corridor maritime sécuritaire. Le 24 mars, la flotte s’est redirigée vers les écluses pour préparer l’ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent, qui a finalement recommencé à laisser passer les navires le 29 mars.

Stacy Dufour
Garde côtière canadienne

En décembre 2017, une vague de froid sans précédent a frappé le Canada, causant une glaciation hâtive des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. (Photo : Environnement et Changement climatique Canada, M. Laperrière)

ECCC  M. Laperriere

En décembre 2017, une vague de froid sans précédent a frappé le Canada, causant une glaciation hâtive des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent. (Photo : Environnement et Changement climatique Canada, M. Laperrière)

L'accumulation importante de glaces empêche un fonctionnement sécuritaire du système d'écluses de la Voie maritime du Saint-Laurent, d'où la nécessité de procéder à sa fermeture pendant la période hivernale. (Photo : Environnement et Changement climatique Canada, G. Paradis)

ECCC  G. Paradis

L'accumulation importante de glaces empêche un fonctionnement sécuritaire du système d'écluses de la Voie maritime du Saint-Laurent, d'où la nécessité de procéder à sa fermeture pendant la période hivernale. (Photo : Environnement et Changement climatique Canada, G. Paradis)

Le brise-glace NGCC Martha L. Black.

MPO  O. Lachance

Le brise-glace NGCC Martha L. Black.